Steelrising

Par le dans Tous les tests, 2 en plus

Test Steelrising

Je ne suis pas friand des Souls-like. Je n’aime pas souffrir et mourir quinze fois pour passer un demi-boss. Seul Sekiro a réussi à me happer, mais pas plus de deux heures. Pourtant, je me suis lancé avec curiosité sur Steelrising grâce à un argument imparable : il se déroule dans un Paris révolutionnaire revisité sauce Steampunk. Après des débuts poussifs, je me suis pris au jeu, et là, j’aimerais bien y retourner plutôt que d’écrire ce test. C’est dire si le nouveau bébé des Parisiens de Spiders m’a convaincu de passer du côté obscur.

Sur le papier, la mise en situation initiale est un peu casse-gueule : Marie-Antoinette est recluse contre son gré dans le château de Saint-Cloud. Elle s’inquiète des combats à Paris dont l’écho lui parvient et charge son automate de protection personnelle de découvrir ce qui se déroule à Paris. Baptisée Aegis (du nom de l’arme / bouclier invincible de Zeus qu’Athéna lui emprunte régulièrement), cette machine consciente devra par la même occasion faire cesser les agissements du bon roi Louis XVI qui semble avoir les engrenages qui se touchent. Cette mission nous est confiée dans un univers évidemment dystopique mêlant la Révolution Française et le Steampunk. Rassurez-vous, une fois en jeu, tout ceci est solidement imbriqué et dispose d’assez de profondeur et de finesse pour être crédible.

steelrising luxembourg

Gears of revolution

Avant de se mettre en route, il convient de configurer notre machine de guerre surnommée la Danseuse. Aegis dispose de quelques options de personnalisation graphique dont les rendus sont réussis, principalement les arabesques sur les différentes textures et alliages possibles pour les bras. Les possibilités ne sont pas nombreuses mais il y en a pour tous les goûts, sachant que votre automate ne pourra qu’être « féminin », le jeu se chargeant de nous expliquer pourquoi un peu plus tard. Vient ensuite le choix de la classe parmi 4 propositions : Garde du corps (arme lourde et défense), Soldate (arme lourde et attaque), Danseuse (arme légère et agilité) ou Alchimiste (arme rapide de type flingue et magie). Mon premier essai en danseuse fut lamentable car je n’ai vraiment aucun code des jeux de ce genre. J’ai vite relancé une seconde partie en Garde du Corps, avec bien plus de succès. La classe Danseuse est celle qui est présente sur la majorité des visuels du jeu mais probablement pas la plus appropriée à un premier run lorsqu’on n’est pas très affuté.

Une fois lâché dans ce monde brutal, on détruit quelques congénères automates.C’est alors que le système du jeu se dévoile. Il s’agit sans surprise d’une transposition très fidèle du squelette « Dark Soulsien » avec ses combats âpres qui nécessitent de bien s’approprier les patterns ennemis, ses vestales faisant office de feux de camp pour sauvegarder et débourser ses mânes (que l’on collecte en battant des ennemis) et ses zones qui s’ouvrent petit à petit via des raccourcis et des pouvoirs débloqués au cours du jeu. Les habitués de ce type de production seront en terrain parfaitement connu. Ils y retrouveront par exemple des armes disposant d’affinité avec les principales caractéristiques d’Aegis. Celles-ci s’améliorent en échangeant de plus en plus de mânes. Il vous faudra investir judicieusement.

steelrising aegis

Steelrising se distingue par sa direction artistique très audacieuse, et à mon sens très réussie. Le design des automates et des divers éléments Steampunk s’incruste parfaitement dans ce Paris en flammes de la fin du XVIIIè siècle. Bien qu’une majeure partie de l’aventure se déroule au crépuscule, certains passages se jouent de jour. Tout ceci apporte une certaine fraîcheur à un genre résolument tourné vers le médiéval fantastique noctambule. Paris est totalement différent de ce qu’on en connait aujourd’hui, plus proche d’une architecture réinventée comme celle de Remember Me que de la précision d’Assassin’s Creed Unity. Si l’on repère au premier coup d’œil les lieux connus et les bâtiments notables, le reste a été recréé pour l’occasion. Une fois encore, comme c’est de coutume sur les Souls like, on ouvre des raccourcis grâce à des portes disposées un peu partout dans les niveaux qui forcent à faire au moins une fois chaque section des différents niveaux. Puis on acquiert des aptitudes qui nous permettent de défoncer certains murs ou un grappin pour atteindre les zones auparavant inaccessibles.

Un bémol toutefois : on ressent plus fortement par moments le manque de moyens des développeurs. Le titre étant un AA et disposant donc du budget d’un AA. S’il flirte vraiment avec les jeux AAA grâce à ses concepts et son design qui densifient l’expérience, le titre est un peu daté graphiquement et quelques bugs subsistent (ennemis qui restent debout alors que battus, Aegis qui marche à 20 cm du sol). Rien qui ne gêne vraiment la progression et le patch Day One en corrigera probablement une bonne partie.

steelrising attaque lourde

Mets de l’huile

Le jeu propose trois modes graphiques sur Xbox Series : performances / résolution / qualité graphique. J’ai utilisé le mode performances car les autres modes, bien que jouables, souffrent de quelques baisses de framerate. Le timing étant crucial dans ce type de production, et le lag entre l’écran et la manette (aka moi) étant déjà élevé, c’est ce qui m’a semblé être le choix le plus judicieux. Steelrising n’étant de toute façon pas une vitrine technologique mais un jeu de créateur, ce mode performances ne nuit pas à l’expérience. D’ailleurs, parlons-en un peu de l’expérience.

La maniabilité d’Aegis est assez particulière. C’est une automate très lourde avec une démarche singulière mais suffisamment agile pour être agréable à jouer. Les premiers combats demandent une petite phase de rodage pour bien assimiler les déplacements et l’attaque / la défense / l’esquive. On joue avec deux armes. On passe de l’une à l’autre rapidement avec PAD-HAUT; les coups ont un bon feeling. Qu’on joue en lourdeur ou en agilité, on sent que ça porte bien et qu’un humain deviendrait vite de la bouillie face à ces ennemis. L’arsenal est complété par des consommables à activer avec X. On dispose des classiques grenades qui explosent, foudroient, brûlent ou gèlent et de jolis pavés que ne renieraient pas les Révolutionnaires pour attirer les ennemis dans les coins sombres de la capitale en flamme. Je regrette juste que la majorité des attaques des ennemis interrompent Aegis alors que l’inverse n’est pas vrai, mais c’est comme ça qu’on apprend n’est-ce pas ?

steelrising louvre selenite

Le système de combat est à l’image du jeu : très classique. Au programme : attaque légère, attaque chargée et barre de vie qui descend bien sûr trop vite. Toutes les actions consomment de l’endurance (attaque, défense, esquive). Votre existence est donc à surveiller de très près. Plus elle diminue, plus les engrenages dorsaux chauffent. Le rendu à l’écran est très astucieux car la couleur du dos de notre avatar nous informe sur l’endurance restante. Si elle vient à manquer, Aegis ne peut rien faire d’autre que marcher. Une fois vide, on peut tenter un refroidissement avec Y, mais celui-ci inflige des petits dégâts de gel. Lorsque la vie baisse, pas de potion de santé mais plutôt une burette d’huile que notre automate s’injecte directement dans les rouages. Encore un petit gimmick bien trouvé de la part de Spiders. Dommage toutefois que la gestion de la caméra soit problématique dans les petits espaces, les éléments du décor au premier plan masquant régulièrement l’action.

La serveuse automate

« Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? » se demande la serveuse sus-citée. Pas de questionnement de ce genre pour notre héroïne qui fait ce qu’on lui demande, à savoir secourir les ennemis du roi tout en dépiautant ses congénères mécaniques. Cette aventure n’est pas de tout repos et elle a bien besoin de ces vestales disséminées sur les niveaux (équivalent à des feux de camp). Ces statues, qui une fois activées laissent place à un siège mécanisé, permettent d’améliorer les stats, les armes ou d’acheter des consommables comme les indispensables munitions. Tout ceci coûte des mânes. Il convient donc d’essayer de ne pas trop mourir pour ne pas les perdre en route.

steelrising cocarde

On ressent vraiment le budget limité sur la structure du jeu, qui coche toutes les cases d’un jeu From Software mais impose une plus forte linéarité et réutilise certains assets régulièrement (on croise un peu partout la même boulangerie ou le même apothicaire). Les rues de Paris sont – un peu trop – désertes, peuplées uniquement d’automates. Les seuls habitants avec qui on communiquera ne seront que des voix derrière des portes surmontées de cocardes. Attention, ce n’est pas pour moi un point négatif car en contrepartie le jeu est généreux – il y a par exemple 80 armes à trouver. Après avoir suivi une douzaine d’heure la quête principale, une myriade de quêtes secondaires (vraiment intéressantes, prenez le temps de les faire) se débloque et nous font retourner dans les niveaux visités pour déverrouiller des zones jusqu’alors inaccessibles. Vagabonder à la recherche des quelques espaces hors quête est d’ailleurs recommandé puisqu’ils offrent souvent, après un combat relevé, un joli coffre recélant armes, équipement, matériaux ou consommables indispensables à la progression de notre héroïne mécanisée.

Pour densifier l’expérience, Steelrising s’appuie sur un scénario bien mené et un univers approfondi. Le jeu aborde en filigrane des sujets de fond comme l’esclavage ou l’exploitation du peuple par les nantis. Un choix devra par exemple être fait entre La Fayette et Robespierre, soi-disant pour le peuple, mais en réalité pour leur fournir davantage de pouvoir. Alors que les dialogues et les quêtes auraient pu simplifier le discours, ici le texte soulève certaines questions pertinentes. Bon point pour Spiders, coutumiers du fait (par exemple sur le colonialisme dans le très bon Greedfall). La quête fournie par Marie-Antoinette est également l’occasion de creuser les origines d’Aegis et de savoir ce qui la rend unique parmi les automates. Le design même du bestiaire est tout sauf superficiel. Les boss que sont les Titans disposent d’une conception vraiment pertinente. Pour une fois, n’hésitez pas à lire les notes sur l’univers qui précisent les inspirations et montrent des détails que l’on peut rater en combat.

steelrising lights

Réglé comme une horloge française

Les travaux du studio parisien pour donner corps à cet univers ont aussi été fructueux sur l’expérience auditive. L’excellente bande originale est signée par James Hannigan, que je découvre pour l’occasion. La B.O. reprend des musiques « d’époque » qu’elle modernise intelligemment. Elle n’est malheureusement pas encore disponible sur les plateformes et j’espère qu’elle le sera bientôt. Ce serait dommage de ne pas pouvoir en profiter. Le sound design est très réussi également, les bruits d’engrenages quand Aegis se déplace sont par exemple très à propos. Ce son caractéristique permet aussi de détecter certains ennemis avant de leur tomber dessus, puisqu’aucun autre automate n’émet de bruit hormis celui de ses mécanismes internes. Le jeu souffre de l’absence d’un doublage français (uniquement en anglais sous-titré) mais les voix anglaises sont de qualité malgré quelques errements en termes de synchro labiale.

Pour nos amis chasseurs de succès, sachez que le jeu est plutôt avare. Il vous faudra terminer toutes les quêtes annexes et terminer deux fois le jeu pour prétendre aux 1000G. Heureusement, un mode New Game + permettra de terminer la seconde partie plus rapidement et ce, grâce une machine de guerre suréquipée dès le début de l’aventure. Les titres des succès sont explicites et ne nécessitent pas d’actions vraiment complexe ou inattendue. Vous pouvez retrouver la liste sur la page du jeu. Bonne chasse aux courageux.

steelrising vestale

Enfin, j’aimerais m’attarder sur un dernier point notable : la présence d’un mode Assistance. Spiders a eu la bonne idée de proposer à ceux qui en auraient besoin d’adapter la difficulté si d’aventure le mode Normal était trop ardu ou frustrant. L’assistance propose quatre options à régler : réduire les dommages subis, désactiver la perte de mânes lorsqu’on meurt, augmenter la regen d’endurance ou faciliter le refroidissement. La présence de cette assistance tue dans l’œuf le sempiternel débat sur la difficulté dans les Souls-like : si on n’en veut pas, on ne l’active pas, et c’est implémenté by design par les développeurs dès la sortie du jeu. J’ai de mon côté réussi à avancer sans trop rager ni jeter la manette en mode Normal. Ce niveau de difficulté offre à mon sens un bon challenge sans être trop punitif. Bien sûr les plus acharnés pourront se farcir de la difficulté extrême si le cœur leur en dit, Steelrising n’oubliant pas d’offrir de la souffrance complémentaire à ceux qui la recherchent.

Steelrising, fleuron du made in France ?

Vous l’aurez compris, le jeu m’a convaincu. Mieux, il m’a donné suffisamment d’assurance pour me motiver à relancer Sekiro (et pourquoi pas tenter Elden Ring un jour). Spiders a réussi à produire un AA d’excellente facture, certes sans folie dans ses systèmes mais avec un univers audacieux et cohérent. Grâce à d’habiles ajustements, aussi bien dans le level-design que dans la réalisation, le titre paraît même plus grand qu’il ne l’est réellement. Les mécaniques et la direction artistique s’imbriquent de manière fluide. La recette de l’action-RPG moderne est appliquée à la lettre, les développeurs ayant préféré s’efforcer à fournir une expérience solide sur ses appuis plutôt que d’intégrer des fioritures qui auraient pu déséquilibrer l’ensemble. La progression du studio se confirme de jeu en jeu et on leur souhaite de bientôt disposer de l’opportunité de réaliser un opus à gros budget.

Merci à l’éditeur Nacon de nous avoir gracieusement fourni une clé de test.

Points positifs

  • Univers révolution / steampunk
  • Direction artistique inspirée
  • Gameplay solide
  • Mode assistance
  • Paris x Aegis = <3

Points négatifs

  • Soucis de caméra
  • Structure "Soulslike" très classique
  • Graphiquement daté
8

Ecrit par : Wanerlevner

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