Session: Skateboarding Sim

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Test Session : Skate Sim

Les fans de planche à roulette attendent désespérément un successeur aux 3 jeux Skate d’EA, dont le dernier est sorti il y a déjà 10 ans. L’élu pourrait bien être Session: Skate Sim qui nous arrive enfin dans sa version finale après 3 ans de peaufinage en accès anticipé. Il est temps de ranger le remake de Tony Hawk’s Pro Skater et de dépoussiérer ses Vans car le rejeton du studio Crea-ture entend bien devenir la nouvelle référence de la simulation de skate hardcore. Seulement entre le vouloir et le pouvoir, il y a quelques jalons à franchir.

Si jamais vous ne savez pas trop où vous mettez les pieds les développeurs ont un message très clair : « Session is a hardcore sim ». C’est une simulation pure, avec une courbe d’apprentissage très rude et un gameplay exigeant. Le titre revendique le classique « conçu par des skateurs pour des skateurs » et ses développeurs ont raison : débutants ou simples curieux ne sont clairement pas la cible. Il ne sera donc pas question ici de prise en main facile et de fun immédiat mais de plusieurs heures d’assimilation des mécaniques et d’un nombre incalculable de gamelles avant de réellement s’approprier le jeu.

Session Skate Sim Manual

Sur l’autocroûte du fun

Reprenons depuis le début. Au premier démarrage Session vous demandera de sélectionner votre système de jeu, qui va d’un mode très assisté à un mode très réaliste (justement nommé hardcore). Le choix « par défaut » est déjà suffisamment exigeant pour avoir une bonne idée du niveau de difficulté de la prise en main. Viens ensuite la sélection coutumière d’un avatar, parmi une sélection très limitée et non customisable, puis le choix du positionnement sur la planche entre regular et goofy. On s’occupe rapidement de choisir des vêtements pas trop vilains, une planche basique et nous voilà prêts à en découdre avec le mobilier urbain.

Le tutoriel obligatoire donne le ton d’emblée avec un vocabulaire destiné aux connaisseurs et de premières chutes mémorables. On utilisera donc X ou A pour accélérer (au joueur de choisir la meilleure option selon sa position sur la planche) et B pour freiner. Lorsqu’il s’agira de tourner, première surprise puisque ce sont les gâchettes LT et RT qui y sont destinées. Les pieds disposent quant à eux d’une gestion distincte, c’est à dire que le joueur devra gérer le pied gauche indépendamment du droit grâce aux sticks LS et RS. Un exemple rapide : avec le pied droit à l’arrière de la planche, on oriente RS-BAS vers le bas pour s’accroupir, puis on oriente LS dans une direction (ou une rotation) pour exécuter un trick. Ajoutez avant ça la gestion de l’accélération et de la direction ainsi que la rotation pendant la figure avec les gâchettes et vous avez une petite idée de l’exécution d’un trick basique.

Session Skate Sim tuto

Pour déclencher un slide il faut atterrir très précisément sur le rail, ce qui demande un nombre d’essais incalculable (entre vitesse, inclinaison, angle d’attaque et précision des sticks). Sans devoir attendre une souplesse digne des grinds automatiques de THPS, ce niveau d’exigence est assez frustrant. Comptez au départ une dizaine de tentatives pour une réussite, entre les sauts trop longs où l’on dépasse le rail et les sauts un poil trop courts où l’on se mange ce même rail dans les genoux. Heureusement le jeu intègre un intelligent système de marque : on définit la position actuelle comme point de départ avec PAD-BAS, on appuie sur PAD-HAUTpour y revenir instantanément et retenter notre trick.

L’autre choix fort du studio Crea-ture est de positionner la caméra au niveau du skate. L’idée est vraiment intéressante et permet de mieux visualiser comment orienter les sticks. Cela demande également un certain temps d’adaptation, à ajouter à la prise en main des contrôles. Par exemple, l’appréciation des distances a été très difficile pour moi, et même après un certain nombre d’heures mes sauts sont encore trop courts ou trop longs une fois sur deux. Il est toutefois possible de régler aussi bien la maniabilité que la position de la caméra pour calibrer l’expérience différemment et ainsi réduire la difficulté.

Skate or die

Session a été conçu comme un énorme bac à sable pour que chacun puisse poser ses figures sur des spots dénichés un peu partout à New-York, Philadelphie ou San Francisco (les 3 villes disponibles du jeu). Il n’y a évidemment pas vraiment d’histoire comme fil rouge mais tout un tas de missions fournies par d’autres skateurs. Chacune nous demande de réaliser certains tricks dans une zone délimitée, heureusement sans limitation de temps. Ces missions ont pour avantage de donner un but au joueur, ce que le mode bac à sable initial ne procurait évidemment pas, et donc d’avoir une progression plus lisible. Malheureusement, c’est aussi à travers elles que le défaut majeur du titre se révèle le plus, à savoir que le néophyte doit se débrouiller tout seul. Les missions sont incompréhensibles pour les débutants ou les joueurs de passage, qui ne sont pas forcément férus de skate. Le jeu est destiné à un public de connaisseurs et ne semble pas s’être donné pour mission d’accompagner les non-initiés. Il est vraiment dommageable de ne pas avoir proposé une courbe d’apprentissage plus souple, ne serait-ce que pour permettre aux nouveaux venus d’acquérir le vocabulaire et les postures de base.

Session Skate Sim grind

Chaque mission est présentée avec des termes trop techniques, sans explications ni précisions. Charge alors au joueur d’éplucher le manuel du jeu ou des vidéos sur Internet pour déterminer ce qui est attendu de lui. N’étant pas féru de roulettes, lorsqu’on me demande de faire un backspin sur flat après avoir poppé, malgré mes quelques bases il me faut un peu de temps et pas mal d’essais pour comprendre ce qu’on me demande. C’est un parti pris qui peut présenter comme avantage une réelle satisfaction lorsqu’on réussit enfin à réaliser les figures attendues. On est cependant tellement abandonné sans indication que les premières heures sur Session sont plus frustrantes que satisfaisantes.

De plus, le jeu impose logiquement d’être très précis pour réussir ses sauts et poser ses grinds sans se fracasser le dentier sur le béton. L’inconvénient de cette exigence c’est qu’avec une caméra si audacieusement positionnée et des contrôles se jouant aux sticks (par définition imprécis), on se retrouve à recommencer très souvent. Prenez les manuals par exemple, qui comptent parmi les figures les plus classiques de la discipline. Pour les réussir, il faut orienter le stick de la jambe voulue légèrement dans la bonne direction – la jambe avant vers l’avant ou la jambe arrière vers l’arrière donc – mais pas trop pour ne pas se retrouver accroupi puisque c’est le même stick et la même direction qui permettent de préparer un saut. Lorsqu’il faut en réaliser plusieurs consécutifs après des sauts pour changer de plateforme, c’est une gageure. Par ailleurs, assez paradoxalement, j’ai réussi certaines missions en ratant mes tricks. Agaçant pour un titre aussi exigeant que de passer les missions grâce à un échec après y avoir consacré une trentaine d’essais.

Comme le jeu nous le rappelle dans tous ses menus : « Session is a hard game and will test your patience ». Avec une telle exigence et de tels contrôles, c’est peu dire.

Session Skate Sim tricks

La beauté du vide

La réalisation témoigne du même niveau d’exigence. Les villes sont parfaitement modélisées, tout y est réaliste et précis. Le jeu n’est pas incroyable graphiquement mais suffisamment détaillé et poli pour être agréable à l’œil. Le moteur physique est d’un excellent niveau également, malgré la gestion style « poupée de chiffon » du skateur qui se vautre. La gestion de la gravité, de la planche et de notre skateur est exemplaire. Les niveaux pêchent cependant par l’absence totale de vie : pas de passants, pas de véhicules, très peu de bruits ambiants. Sorti des PNJ qui nous fournissent les missions on a le sentiment d’évoluer dans des quartiers morts. Session intègre un cycle jour/nuit agréable quoique gadget. Il permet au passage de se rendre compte que l’on galère vraiment sur une mission quand la nuit tombe et qu’on est toujours en train de tenter le même saut depuis des heures virtuelles. Les bruitages de notre avatar et de sa planche sont au niveau du gameplay et de la réalisation technique, très réussis. La bande originale est quant à elle plutôt quelconque et manque de globalement de panache, alors qu’une sélection plus pêchue aurait peut-être amené un petit peu de fougue à un jeu globalement très sérieux.

En comparant cette version finale aux différents retours sur les versions accessibles durant l’accès anticipé, il est clair que le titre a beaucoup progressé en 3 ans. Il est toutefois encore incomplet tant une foultitude de détails manque encore pour proposer une expérience vraiment satisfaisante. Par exemple, aucune indication n’est disponible pour localiser les skate shops. Une fois dans leur zone, il faut les traverser en long et en large pour les trouver alors qu’un simple marqueur pour les lieux importants n’auraient pas dénaturé le titre. Je ne trouve pas satisfaisant de trouver le magasin après de longues minutes à arpenter une zone, j’ai simplement envie d’aller faire autre chose que de dépenser l’argent si difficilement gagné. D’ailleurs, et c’est là un défaut pour moi, il n’y a pas vraiment d’objectif autre que réussir les missions et utiliser les quelques dollars pour acheter un peu de matériel qui ne change que la cosmétique. Pas d’objectif de score, pas de déblocage de zone, pas de nouveaux tricks, tout est accessible dès le début du jeu. Difficile de garder l’attention des joueurs « de passage », ce qui accentue l’effet jeu de niche de Session. Dernier exemple, à mon sens parlant : des dizaines défis historiques sont à réaliser mais le jeu ne nous fournit aucune information, aucun indice sur la figure à effectuer ou l’emplacement où elle doit être réalisée.

Session Skate Sim defis

Les défis pour un quartier

Session incomplète

Le titre a le bon goût de venir avec des outils qui améliorent l’expérience. Tout d’abord un mode Replay très complet, pour visualiser image par image nos plus beaux tricks et nos gamelles les plus incroyables. Et il y a beaucoup de façon de se fracasser dans Session, toujours avec des poses ridicules de notre skater désarticulé. Ensuite, il est possible de disposer des éléments complémentaires comme des rampes ou de rails si un spot nous semble manquer d’un petit quelque chose. Cela ne suffit pas à masquer un certain manque de contenu mais ces options ont le mérite d’exister. Enfin, pour nos amis chasseurs de succès, prévoyez d’y investir beaucoup de temps pour décrocher les 1000G puisqu’il faudra terminer toutes les missions et défis tout en effectuant jusqu’à 1000 fois certains tricks.

L’impression globale qui se dégage du titre est celle d’un jeu destiné à être un grand bac à sable pour skateurs. Crea-ture a été au bout de ses idées, quitte à se couper de la base des joueurs en proposant un contenu uniquement pensé pour les initiés. Pour ceux qui réussiront à s’y investir suffisamment pour s’approprier ce style particulier c’est probablement une bonne chose. Pour les joueurs comme moi, plus occasionnels, j’ai le sentiment que le jeu ne m’est pas destiné et ne fait aucun effort pour me permettre d’en profiter un minimum. Il est de fait peu probable que Session devienne la référence des simulations de skate, plombé par son austérité et son petit goût d’inachevé.

Session Skate Sim trottoir

Merci à l’éditeur Nacon de nous avoir gracieusement fourni une version de test numérique

Points positifs

  • Jeu de niche pour skateurs
  • Modélisation des villes
  • Précision du gameplay

Points négatifs

  • Jeu de niche pour skateurs
  • Manque de corps, ressemble encore trop à une grande sandbox
  • Aucune indication en dehors des quêtes
  • Villes vides
6

Ecrit par : Wanerlevner

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