RAGE 2

Par le dans Tous les tests, 2 en plus

Test Rage 2

Il aura fallu attendre 8 ans pour enfin voir arriver la suite de Rage, excellent shooter post-apo d’Id Software. Les géniteurs de Quake et Doom laissent la place à Avalanche Studios, coupables des derniers Juste Cause mais surtout du sous-estimé Mad Max sorti en 2015. Leur confier la création d’un FPS en monde ouvert dans un monde ravagé et soumis à la loi du plus fort a tout de la bonne idée sur le papier (Id étant focalisé sur le prochain Doom). Nous voila donc lâché dans la peau d’un ranger qui va devoir rétablir l’ordre en exterminant des hordes de mutants et de punks adeptes de couleurs criardes, dans une atmosphère post-apocalyptique qui devra faire honneur à son estimé ancêtre.

Si vous n’avez pas joué au premier Rage, honte à vous. Il est actuellement disponible sur le Game Pass et fonctionnel en rétrocompatibilité, je vous encourage donc à lancer le téléchargement pendant que vous parcourez ces quelques lignes (ne lisez pas trop vite si vous n’avez pas la fibre). Dans ce premier opus, on incarnait Nicholas Raine, Ranger du Wasteland faisant face à l’Autorité – sorte de secte technologique qui veut dominer ce qui reste du monde – et qui la laissait pour morte un peu abruptement. Quelques décennies plus tard, c’est au tour d’un nouveau Ranger de défaire l’Autorité revenue à son meilleur sous l’égide du Général Cross. Tout comme dans le premier opus, il faudra dans Rage 2 ouvrir des arches pour obtenir armes et pouvoirs surpuissants (ces arches étant des abris souterrains secrets, seulement accessibles aux Rangers, et contenaient plutôt des gens à l’origine). Scénaristiquement parlant, c’est pas dingue mais c’est suffisant pour justifier une croisade contre l’Autorité mais aussi tous les gangs et mutants qui pullulent dans le Wasteland.

Certaines ambiances sont très bien rendues

La couleur pourpre

Dès la mission d’introduction, qui voit le Ranger perdre sa tati Prawley mais trouver un nouveau but, deux choses frappent. Tout d’abord c’est la rétine qui en prend un coup car le jeu est vraiment beau. C’est fin, c’est fluide, les effets de lumière et les explosions sont superbes, les textures sont très propres, c’est vraiment un régal pour les yeux. Le niveau de détails est approfondi au point de voir les expressions des ennemis changer pendant qu’on les martyrise. Cette impression ne sera pas amoindrie par les extérieurs et les balades dans le Wasteland, qui bénéficie d’environnements différents. La zone désertique principale est entourée par des ruines d’une ville assez classique mais surtout par des zones où la végétation a repris le pouvoir, avec d’un côté des marais aux allures de décharge et de l’autre une jungle du plus bel effet. Les animations et les armes ne sont pas en reste, graphiquement Rage 2 met la barre haute et s’y tient bien. D’ailleurs, contre toute attente, le choix de barder les environnements et les ennemis de couleurs vives (du fushia en veux-tu en voilà) amène une note d’excentricité bienvenue. Je ne suis pas très fan généralement de ce type de mélange mais le rendu est intéressant et bien pensé pour aider à repérer les éléments importants.

La deuxième impression provient de l’intensité des phases de shoot. On est en présence d’un FPS nerveux et Avalanche veut bien nous le faire comprendre. Aussi, ne comptez pas trop sur des armes à distance ou des moments plus dédiés à l’infiltration. Ici, il s’agit d’aller vite de l’avant, de toujours être en mouvement et de dézinguer tout ce qui se présente le plus rapidement possible. Sans apporter un niveau de stress similaire, on retrouve l’esprit de Doom sur cet aspect. Les armes ont de la gouache, les impacts et le recul leurs donnnte un vrai feeling de puissance. J’ai beaucoup utilisé le fusil d’assaut, la première arme du jeu, qui fait pas mal de dégâts pour peu qu’on l’upgrade un peu. Le fusil à pompe et le lance-roquettes sont aussi très agréables à jouer, j’ai moins apprécié l’hypercanon et le lance-fléchettes antigrav qui me semblent plus gadget qu’efficaces. Les plus obstinés trouveront le BFG de Doom pour un petit kif bienvenu. L’armada à disposition n’est cependant pas très garnie et son plus gros défaut est qu’on peut terminer le jeu sans trouver toutes les armes, puisqu’elles sont à obtenir dans des arches qu’on peut ne pas trouver. Même en ramassant les missions secondaires et les blocs de données, ces arches ne seront pas toutes localisables. Vraiment dommage car ça nuit à l’intérêt et favorise une certaine répétitivité en alternant seulement entre 3 ou 4 armes et les wingsticks / grenades.

Ceci dit, les pouvoirs nanotrites apportent le petit grain de folie que promettaient les trailers. Comme pour les armes, on obtiendra la seule Ruée comme pouvoir additionnel (Overdrive et Constitution sont par défaut obtenus en même temps que l’on devient un Ranger) en étant guidé vers l’arche qui le contient. Pour les autres, il faudra explorer un peu, parler aux PNJ et acheter des cartes qui mettront certaines arches sur la carte (sans savoir ce qu’elles renferment à l’avance heureusement). A utiliser, on prend vite le coup de main en appuyant sur LB  puis un des 4 boutons pour déclencher les pouvoirs actifs. En pleine action, il n’est pas rare de se faire une petite Ruée (car gérée via le stick analogique) avant de déclencher l’un des pouvoirs. Écrasement nous fait sauter et retomber avec puissance au sol, Destruction nous permet de repousser les ennemis, Barrière fera apparaître un petit bouclier au sol et la Grenade Vortex attirera tous les ennemis à distance pour ensuite les rejeter en l’air. Honnêtement, les pouvoirs sont cools et funs à utiliser mais on est loin de l’extase promise, la faute à un nombre d’ennemis assez peu variés et peu souvent groupés. Comme attendu, il y a un pouvoir ultime, l’Overdrive, que l’on peut activer lorsqu’on a enchaîné quelques meurtres et qui déclenche un mode berserker très efficace mais forcément très court.

Le design est clairement raté

Regular Max

Puisqu’on parle d’eux, les ennemis sont répartis en 3 groupes : les humains (cramés/marécageux/suaires), les mutants et l’Autorité. Les premiers sont les plus nombreux et occupent à peu près toutes les positions du jeu : stations services, avants-postes, barrages, anciens bâtiments, etc. Hormis les suaires qui disposent d’un casque incassable, on les confronte de la même manière en les annihilant un par un tout en progressant sur leurs positions. Leur nombre et leur espacement rend les combats dynamiques mais trop courts, leur IA limitée transforme le tout en boucherie décérébrée (foncer et tirer) et leur design assez peu inspiré les rend au final barbants. Plus intéressants, les mutants attaquent de préférence en nombre. Il est bien plus compliqué de résister à ces petits êtres qui attaquent de tous les côtés et à leur version explosive qu’aux ennemis humains. Les mutants Abaddon sont énormes mais n’offrent pas de gros challenge et sont tous identiques, le pattern pour s’en débarrasser ne change pas. Les sbires de l’Autorité sont des espèces de cadavres sans bras sur lesquels un jetpack et une arme ont été montés. Viser la tête permet de les décimer très facilement. La seule catégorie d’ennemi donnant un tant soit peu de fil à retordre est un robot protégé par un bouclier et qui attaque au corps à corps avec deux lames. Pour synthétiser, le « bestiaire » ennemi n’est pas bien folichon et amène une certaine lassitude après quelques heures de jeu.

Aussi grand que laid (et il y en a 2 à tuer à cet endroit)

Les éléments constitutifs de notre attirail de héros sont à peu près tous améliorables. Pour cela, la principale ressource à récupérer est la feltrite. Ça tombe bien, il y en a sur chaque ennemi ou presque, dans des caisses un peu partout, sur des murs et même sur des météorites. Autant dire qu’on n’en manque pas pour faire progresser l’équipement et les pouvoirs. Contre un peu de cette feltrite, on pourra donc faire passer tout ça au niveau supérieur et améliorer les effets (portée, durée, dégâts). Certaines capacités se débloquent via des mods d’armes ou de nanotrites que l’on trouvera dans des coffres spéciaux, les coffres Archéens (ou chez certains marchands mais les quantités sont limitées). Lorsque Wellspring est découvert, on aura accès à un médecin d’un type un peu particulier qui propose des améliorations de la santé, des dégâts ou de l’Overdrive. Enfin, le véhicule principal est un peu customisable aussi puisqu’on peut lui ajouter des armes supplémentaires et un meilleur niveau de protection contre des pièces mécaniques obtenues en ramenant des véhicules trouvés dans le Wasteland ou en détruisant des convois. Ça a le mérite d’exister mais c’est un peu chiche.

Si Rage 2 s’était arrêté là, à un shooter vitaminé mais un peu répétitif, on aurait été un peu déçus mais satisfaits quand même. Le souci, c’est qu’Avalanche, fort de son expérience sur Juste Cause 4 et surtout Mad Max, a voulu incorporer un monde ouvert (probablement parce que c’est à la mode). On a donc la liberté d’explorer une map plutôt petite mais qui nous parait grande car il ne s’y passe pas grand chose. Une fois à bord de notre fidèle Phénix, on va d’un point A à un point B en s’arrêtant parfois pour vider un lieu plein d’ennemis, récupérer de la feltrite  sur des astéroïdes écrasés un peu partout ou éclater un ballon de Mutant Bash TV (il en faut 17 pour débloquer le succès qui va bien). Il ne se passe absolument rien d’intéressant sur les trajets. Le GPS se formalise via des flèches violettes au sol, à moitié illisibles, ne s’affiche plus dès qu’on quitte la route et les développeurs n’ont pas jugé bon d’intégrer une mini-map pour se repérer. La conduite est molle, le boost est faiblard et quasi inutile, la visée est affreuse et les combats (quand on se décide à attaquer l’un des rares convois) tout aussi mous que la conduite.

A court d’Id

Pour rendre la sauce encore plus fade, les développeurs ont ajoutés d’autres véhicules (dont certains non armés, alerte génie) et surtout non customisables. Certes la modification du Phénix ne concerne que quelques ajouts d’armes ou de protection, mais la possibilité existe. Pour les autres, on peut simplement les faire apparaître et les conduire, ou tout du moins essayer. On utilisera le tank Boom-boom une fois pour obtenir le succès en tuant des cramés avec, idem pour la moto « raptor » qui est absolument impossible à manier mais qu’on doit maintenir en piste à la vitesse max (qui n’est indiquée nulle part, même pas un faux compteur de vitesse pour se donner une idée) pendant 10 secondes. Un espace de course a été ajouté (c’est d’ailleurs un point de passage obligé de la campagne) mais son intérêt est limité : une fois le succès correspondant obtenu, on n’a aucune raison d’y retourner. C’est d’ailleurs un peu le même principe pour Mutant Bash TV, une suite d’arènes dans laquelle on doit survivre en décimant des mutants par paquets de 20. Sympa à faire une fois mais hormis pour le fun de la boucherie il n’y a pas vraiment de motivation à y retourner. Pour couronner le tout, les déplacement rapides existent vers les villes principales (5 à découvrir) mais ne peuvent pas être déclenchés depuis n’importe où, il faudra parfois rejoindre une route principale pour pouvoir l’utiliser.

La fameuse feltrite jaillissant des cadavres frais

Qu’on s’entende bien : l’open world proposé n’est pas foncièrement mauvais mais manque cruellement d’intérêt. C’est assez incroyable quand on voit les qualités de Mad Max sur cette partie : la conduite nerveuse, les fights sur la route et les ennemis qui sautent sur la voiture, les tempêtes de sables, la customisation de la Magnum Opus, tant de choses absentes de Rage 2. On n’est pas loin de la schizophrénie. Le level design est toutefois un peu plus inspiré et a le bon goût de ne pas offrir une resucée d’un même parcours pour toutes les grottes et positions que l’on traverse. L’alternance entre intérieurs et extérieurs est plutôt sympa également, les jeux de lumière y sont bien utilisés (mais on a toujours ce fichu fushia partout). Pour les chasseurs de succès, bonne nouvelle : la moitié des succès est assez facile à obtenir – puisque je les ai eu – et le niveau de difficulté n’est pas pris en compte. Attention toutefois, une partie des succès restants est assez pénible à débloquer, comme rouler à fond 10 secondes avec le Raptor, tuer 1337 cramés, tuer 13 ennemis depuis une tyrolienne ou encore détruire 30 drones. Ceci dit rien d’impossible à ceux qui investiront un peu de leur temps, puisque le jeu se termine en une quinzaine d’heure sans trop forcer (voire 10 si on met de côté l’exploration de certains camps pour rusher la campagne). C’est un peu faible pour un monde ouvert vendu plein pot.

On se retrouve donc avec un jeu bicéphale sur les bras, comme s’il représentait fièrement les mutants qu’on extermine par palettes. D’un côté les phases de shoot sont nerveuses, bien fichues et les pouvoirs apportent un petit peu de fraîcheur. De l’autre, l’open world et les trajets en véhicules sont inintéressants, à terme pénibles, sans parler des fights indignes des auteurs de Mad Max. Le jeu n’est pas mauvais mais aurait mérité autant d’attention sur ces deux aspects. J’ai le sentiment qu’Avalanche a voulu prouver qu’ils étaient aussi capables de sortir un très bon FPS tout en se reposant trop sur leurs lauriers pour ce qui est du parcours et des possibilités offertes par le Wasteland. C’est vraiment dommage car ça rend Rage 2 anecdotique : il y a mieux en shooter pur et il y a (bien) mieux en open world. Reste un moment sympa pour parcourir rapidement un univers un peu décalé, mais c’est insuffisant pour justifier un achat plein tarif.

Jeu testé sur une version presse élégamment fournie par l’éditeur. Un grand merci <3

 

Points positifs

  • Phases de shoot nerveuses
  • Mix pouvoirs / armes
  • Pas vilain

Points négatifs

  • Open world vide et ennuyeux
  • Phases en véhicules soporifiques
  • Design global fainéant
  • Trop court
6

Ecrit par : Wanerlevner

1 Commentaire :

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  1. Platiné sur PS4 au printemps, dsl pour le copinage chez playstassion ^^
    J’ai bien aimé, mais c’est vrai que le monde ouvert devient vite mort… Y’a pas grand chose à faire, et même sur PS4 Pro, la définition laisse à désirer. J’ai trouvé les graphismes presque « pâteux » des fois, surtout dans la forêt au nord de la carte. Un peut limite pour un jeu de 2019…

    Mais les parties de fusillades c’est quand même du très bon, et j’ai adoré les kilomètres avalés à bord des véhicules contrairement au testeur. Le bestiaire est pas mal, j’aime beaucoup les voix des monstres.

    Pas dur à compléter niveau succès, par contre pour les DLC ça à l’air plus chaud… Je suis pas prêt de m’y remettre, la PS4 prend la poussière depuis juin, et une OneX est arrivée y’a 2 semaines après 4 ans de coupure chez Xbox =)

    7/10

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