Darksiders III

Par le dans Tous les tests, 2 en plus

Test Darksiders III

Après avoir tâté de la Bête (démoniaque) à la dernière Paris Games Week, je n’étais pas particulièrement confiant sur ce nouvel opus. Out le créateur d’origine, Vigil Games, c’est au nouveau studio Gunfire Games de prendre le relais pour raviver la flamme de l’Enfer. La licence était perdue suite à la fermeture de l’éditeur THQ, mais le rachat du catalogue par Nordic Games, qui devient THQ Nordic, remet le projet au goût du jour avec apparemment des moyens limités. Inquiet sur la situation de départ, les quelques minutes avec Fury lors de cette PGW m’avaient laissé dubitatif mais je devais bien aux 2 premiers jeux de me pencher sur les aventures de leur petite sœur.

Après Guerre et Mort, c’est donc au destin du 3ème Cavalier de l’Apocalypse que l’on va présider. Portant le doux nom de Fury, son caractère est évidemment brutal et impétueux. Darksiders 3 s’ouvre sur Guerre, enchaîné aux pieds du Conseil Ardent, sorte d’entité surpuissante tricéphale qui arbitre la guerre entre anges et démons qui se déroule actuellement sur le monde d’Haven. Fury est alors convoquée par le Conseil pour récupérer les 7 démons personnifiant les 7 péchés capitaux. Pour les récupérer, il faudra bien sûr détruire leur enveloppe corporelle pour pouvoir intégrer leur âme dans une amulette. Bref, il va falloir poutrer du vilain.

The Man Comes Around

L’histoire s’inscrit donc bien dans la « mythologie » Darksiders. Pendant que Guerre est accusé d’avoir volontairement – et prématurément – déclenché l’Apocalypse, son frère Mort cherche à le sauver. Les Cavaliers sont donc séparés et Fury reçoit une mission correspondant à ses talents. Premier constat, le design correspond bien à ce qu’on attend mais se repose beaucoup sur ce qui existait déjà dans les titres précédents. Fury a un style agréable mais semble moins travaillée que ses 2 frères. L’absence de Joe Madureira au game design y est probablement pour quelques chose, on sent que Gunfire a essayé de respecter ses aînés mais pêche un peu dans la créativité.

On retrouve également des têtes connues dans cette nouvelle itération, comme Vulgrim le marchand et son Antre des Serpents qui permet de se téléporter d’une zone à l’autre ou encore Ulthane le Façonneur qui améliorera nos armes. En terme de feeling, la recette est mixée entre la zone centrale donnant accès aux différentes parties de Darksiders premier du nom et le monde plus ouvert du second. Ici, il y a bien une zone par laquelle on repasse mais les chemins se croisent également au sein même de chaque zone. La conception générale de la carte et de la progression est très bien pensée et les coins secrets à découvrir ne manquent pas. Si vous n’avez jamais mis vos pattes griffues sur un jeu de la série au préalable, on parcourt tous ces lieux pour batailler à l’arme blanche contre des hordes de démon (pas d’anges dans celui-ci) avant de se frotter à des boss souvent démesurés.

Après l’épée énorme de Guerre et la double faux de Mort, c’est une épée-fouet qui fera office d’arme de destruction massive pour Fury. Tout comme ses (con)frères, elle gagnera d’autres armes au fil de sa progression comme un marteau de guerre, une lance, des tonfas ou l’indispensable boomerang. Chacune de ces armes s’accompagnera d’un Pouvoir des Abysses (je vous laisse le soin de découvrir d’où vient cette appellation) qui modifie les attaques spéciales et le type de saut : en lévitation, en boule collante (oui, dit comme ça c’est bizarre) ou plus en hauteur. Pour pouvoir dézinguer du démon par palettes, Fury aura également accès à des bonus bien connus, que ce soit des âmes pour acheter des items ou des niveaux auprès de Vulgrim ou des cristaux de Force, de Fortification et de Santé pour un bref buff bienvenu sur certains combats.

L’amer lock

Le combat reste le cœur du jeu, même si quelques énigmes seront à résoudre pour débloquer la progression à certains endroits. Le système est très dynamique, avec de multiples options de combo et des esquives gratifiantes. Les ennemis communs sont assez faciles à éliminer mais leur nombre les rend dangereux, alors que certains « gros » ne seront battus qu’avec une bonne coordination des esquives, qui permettent de déclencher un coup spécial lorsqu’elles sont réussies. Ça bouge bien et beaucoup, le joueur doit rester mobile et utiliser la bonne attaque au bon moment. Le seul inconvénient est cette caméra trop proche, sortant ainsi de nombreux adversaires du champ de vision, eux qui ont la bonne habitude d’encercler Fury lorsqu’ils attaquent en nombre. Le système de visée est ici assez moyen et complique un peu inutilement la sélection de la cible. On finit par lock un peu au hasard et changer vite de cible pour avoir une chance d’éviter les coups.

Si jamais notre héroïne vient à mourir, elle réapparaît en début de niveau, au dernier emplacement de Vulgrim, délestée de toutes les âmes glanées jusqu’alors. Pour les récupérer, il faudra revenir sur le lien de sa mort et briser la sphère d’âme qui s’y trouve. Le jeu se voulant inspiré des titres de From Software (la série des Darsk Souls) mais en moins punitif, les âmes ramassées le sont parfois sous la forme de cristaux, qu’il faudra casser pour en obtenir le contenu. Ces cristaux ne sont pas perdus à la mort de Fury, ce qui permet de ne pas rendre la mort trop pénalisante pour le joueur. Les combats contre les boss sont de qualité, bien mis en scène et chacun dans un style vraiment différent. La qualité est forcément inégale – Avarice est très fun et dynamique, Gourmandise assez pénible – mais au final on garde une très bonne impression qui motive à recommencer l’aventure au niveau de difficulté supérieur.

Au passage, la difficulté est bien dosée et monte progressivement. Le niveau Histoire le plus facile donne déjà un bon challenge et permet de s’approprier les mécanismes une première fois. Les niveaux supérieurs nécessiteront une bonne utilisation des combos de Fureur et de la forme Chaos, dans laquelle Fury devient une géante qui écrase tout à coup de chaîne. Il y a encore une fois un bémol concernant l’activation de bonus (les fameux cristaux que l’on ramasse un peu partout) pour lesquels il faut défiler avec droite et gauche pour sélectionner l’effet voulu, ce qui s’avère compliqué en plein combat contre un gros truc énervé et une demi douzaine de péons. Les sensations sont bonnes mais les quelques défauts (caméra, cristaux, lock) apportent un certain sentiment de frustration.

Orgueil et Préjugés

La progression s’appuie, de loin, sur quelques éléments RPG à base de niveaux pour notre héroïne aux cheveux ardents. Les passages de niveau se font grâce à Vulgrim auquel on vend les âmes ramassées contre des points de compétences à répartir entre la santé, les dégâts physiques et la magie (qui correspond aux coups spéciaux). On a donc la possibilité de jouer de manière équilibrée ou de tenter de faire de Fury quelqu’un de fragile mais de diablement efficace. J’imagine que la majorité va équilibrer son personnage, surtout au vu des dommages infligés par les ennemis sur la dernière partie du jeu, mais avoir l’opportunité de tester un autre style est appréciable. L’ambiance musicale colle par ailleurs plutôt bien aux environnements et moments, et si les pistes sont assez discrètes elles restent de bonne qualité. Les autres effets sonores sont aussi de bonne facture, l’ensemble visuel/audio est cohérent mais la musique mériterait d’être plus présente, plus audible.

Si le jeu est agréable en terme de style, il l’est beaucoup moins sur la technique. Graphiquement, le titre semble basé sur le moteur de 2012. En 2018, sur XBox One X, c’est douteux. On ne peut pas dire qu’il est moche mais il est clairement en retard sur la moyenne de ses concurrents. Les visages manquent de détails, les modèles semblent découpés à la serpe, les effets lumineux sont forcés, les animations un peu rigides. Bref, c’est pas génial. Mais le pire n’est pas là, car cette technique datée serait acceptable si le jeu tournait convenablement. Les lags sont fréquents, les mouvements des ennemis au loin ne sont pas tous reportés à l’écran, donnant un effet robotique/stroboscopique très étrange, le jeu bloque fréquemment lors d’un changement de zone pour en permettre le chargement. Mieux encore, le jeu se permet d’être assez mal optimisé pour faire surventiler la console (oui, la One X).

La joie ne serait pas totale si les crashs n’étaient pas de la partie. Non seulement ils le sont mais la surventilation a même amené ma console à s’éteindre en urgence. Un exploit que les jeux les plus récents et gourmands n’ont pas réussi à réaliser. Clairement, l’équipe n’a pas semblé disposer de moyens ou de compétences suffisantes pour optimiser ce moteur vieillissant sur Xbox, et c’est vraiment dommageable. On ne peut que souhaiter la venue prochaine d’un patch technique. Fort heureusement, ces lacunes techniques ne nuisent pas trop aux autres qualités du jeu mais on n’est pas loin de l’inadmissible.

Pour continuer sur la conception de ce Darksiders 3, si la composition globale de la carte est bien pensée, le level design local est moins inspiré. Tout est bien construit mais ça manque un peu de folie. La majorité des recoins secrets et des emplacements à vérifier sont assez visibles et restent assez attendus pour ce type de jeu. Enfin, un petit mot sur l’écriture avec cette histoire qui se refuse toujours à donner les quelques éclaircissements qui nous permettraient de tout comprendre sur la situation. C’est plutôt bien écrit, la bonne surprise venant de Fury elle-même qui dispose d’une vraie profondeur et de répliques assassines bien trouvées. Cela permet au jeu d’avoir suffisamment de fond pour donner envie de progresser pour autre chose que d’étriper les 7 Péchés Capitaux, malgré un doublage français plutôt moyen.

Au final, c’est un léger sentiment de déception qui teinte la satisfaction d’avoir conclu les aventures de Fury. Les sensations sont bonnes, la progression bien menée et l’héroïne au caractère bien trempé fouette les Péchés Capitaux avec beaucoup de style. Tout ceci est amoché par une technique complètement à la rue, en retard de plusieurs années et qui rend surtout le jeu instable. On réussit à oublier ces soucis grâce à la cohérence de l’ensemble et au gameplay efficace. Les quelques menus défaut ne gâchent pas l’expérience, il est dommage que le manque d’optimisation et de finition le fassent.

Le jeu a été testé sur une version fourni par l’éditeur.

Points positifs

  • Bonnes sensations
  • La construction du monde et la progression
  • Système de combat gratifiant
  • Fury tonique et bien travaillée
  • Globalement cohérent

Points négatifs

  • Techniquement à la rue
  • Caméra handicapante
  • Lags et crashs
7

Ecrit par : Wanerlevner

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