Constructor

Par le dans Tous les tests, 2 en plus

Test Constructor

De retour sur l’autoroute des vacances, j’aperçois un, puis deux, puis trois, puis douze bâtiments en construction. Frappé par une révélation soudaine et douloureuse, je me vois déjà tout quitter pour devenir un promoteur immobilier fortuné. N’étant pas freiné par des choses aussi surfaites que la morale ou la loi, je prends les quelques euros qui stagnent sur mon PEL pour investir dans un premier terrain vague. De la maison bancale à l’immeuble de luxe, la route est longue mais fort heureusement, tous les coups sont permis.

Ma scierie brule, des cafards partout et des locataires mécontents. Tout va bien

Si vous ne le savez pas déjà, on parle ici de Constructor. Oui, c’est sorti en 1997. Oui, c’est encore un remake HD (ou presque). Il faut dire que le jeu a rencontré un franc succès lors de sa sortie, autant pour ses qualités de gameplay que pour son ambiance assez unique. Au premier chargement du jeu, je suis un peu inquiet de voir que les menus n’ont été que très légèrement rafraîchis et que la vidéo d’intro n’a pas eu vraiment le droit à un traitement de faveur. L’appât du gain n’attendant pas, je me lance quand même dans un didacticiel obligatoire pour prendre l’interface en main.

Les pieds dans le ciment

Constructor est donc un jeu de gestion dont la sphère géographique est plus limitée qu’un Sim City (quelques blocs seulement) mais sur plusieurs niveaux. On achète un terrain, on y construit une maison plus ou moins attrayante, on y ajoute de la verdure et des équipements et on y place un locataire douteux. Plus on progresse, plus les améliorations sont nombreuses et meilleurs seront les locataires disponibles. A la différence des city builders classiques, on a ici accès à des moyens plus ou moins légaux pour progresser. Accueillir une communauté hippie sur un bout de terrain permettra ensuite de l’envoyer chez le voisin pour squatter une maison sur un terrain que l’on veut récupérer. Plus expéditif, embaucher des mafieux pourra faciliter certaines passations de territoire. L’atmosphère et la patte graphique nous rappellent bien qu’on navigue dans les bas-fonds de l’immobilier. Les terrains et le rues sont sales, les personnages caricaturaux, c’est un peu glauque mais toujours prévu pour faire sourire.

Merci la mairie qui me demande de démolir pour reconstruire

Le didacticiel sus-mentionné et les premières parties rassurent sur le côté fun du titre. Le narrateur est irrespectueux au possible, les textes des locataires, de leurs revendications pour se plaindre du bruit ou de l’absence d’arbres par exemple sont bien écrits et l’atmosphère générale est toujours réussie. Ne prenez pas cette partie prise en main à la légère, le jeu et son interface ont besoin d’une vraie période d’adaptation. Il faut comprendre par là que les options sont nombreuses et que la gestion à la manette n’est pas vraiment intuitive. D’ailleurs, cette lourdeur de l’interface rend chaque chose un peu plus compliquée – malgré la présence de raccourcis. Quelques parties en mode facile seront réellement nécessaires pour enregistrer les menus et sous menus et enfin être un gestionnaire véreux efficace.

Simple propriétaire d’un quartier général et de quelques ouvriers, chaque histoire débute de la même manière. On crée une scierie, on installe ses premières maisons et on y met ses premiers locataires piochés dans le panier en dessous du bas du panier. On ajoute une cimenterie pour des maisons plus belles, une usine de gadget pour refourguer ordinateurs et double vitrage à ces occupants trop exigeants puis on assaisonne tout ça avec le commissariat nécessaire pour que l’ordre règne. Au passage, on n’oublie pas d’augmenter un peu le loyer ou de demander à ces occupants bordéliques de copuler pour nous fournir de la main d’oeuvre ou de nouveaux locataires. Tout le piquant vient de la présence d’un (ou plusieurs) concurrent sur notre map, qui se dresse sur notre chemin en faisant exactement la même chose. Grâce à certains personnages qualifiés, celui-ci ne tardera pas à venir nous piquer du matériel puis à tenter de vider nos maisons. Les situations rencontrées deviennent par ailleurs assez répétitives, après plusieurs heures on prend conscience de l’âge de Constructor et que les possibilités étaient alors moins nombreuses.

Trump tower

Il faudra de plus se lancer en étant alerte et réactif : le rythme est soutenu et Constructor ne nous laisse pas prendre nos marques. Il faut faire les choses vite et bien tout en préparant l’évolution de ses maisons. A peine ai-je eu le temps de construire 3 maisons et de les équiper de magnifiques clôtures que les 3 locataires m’ont fait part de leur mécontentement en même temps. L’un veut des arbres, l’autre que la scierie d’en face fasse moins de bruit et le troisième une bouche de métro plus proche. Comme il est vital de répondre à ces demandes (au moins en début de partie), je passe au four et au moulin pour tout produire. Après avoir galéré à sélectionner mes contremaîtres pour les envoyer bosser – faire bosser les ouvriers de leur équipe plutôt, équipe qu’il faudra d’ailleurs penser à gérer en ajoutant ou retirant des ouvriers – j’ai à peine eu le temps d’amener les arbres au premier qu’un larbin de l’IA venait me piquer du matos. A moitié perdu dans l’interface, impossible de le localiser et d’envoyer une équipe le rattraper, et ce malgré la mise en pause.

Les ennuis commencent

Honnêtement, les débuts ont été assez pénibles pour moi. Certes on ne devient pas le nouveau Trump en deux coups de cuillère à pot. Le souci, c’est que la difficulté du jeu et l’interface trop lourde m’ont complètement sorti du truc. Même en facile, ça commence assez doucement puis tout arrive d’un coup. Comme ce n’est pas vraiment progressiste et que le rythme est élevé, on apprend à réagir plus vite de partie en partie mais ce n’a pas été suffisant pour moi pour rester motivé. Après quelques essais, force est de constater que les quelques ficelles que j’ai apprises m’ont simplement permis de tout foutre en l’air au bout de 3 heures de jeu plutôt qu’au bout d’une heure. Ce n’est pas injouable ni repoussant mais terriblement frustrant. Je ne serais pas le fondateur du prochain Nexity, Codegim ou Bouygues Immobilier : un rêve se brise.

Les modes de jeu semblaient pourtant prometteurs, de la guerre de clans au succès financier en passant par l’hégémonie mégalomaniaque. Au final, il s’agira principalement des mêmes mécaniques avec un accent sur les mafieux, la police ou la construction en elle même. Pour ceux qui veulent commencer avec un projet déjà en place, il y a également un mode Designer qui permet de placer en avance des bâtiments, des locataires et tout ce qu’il vous passe par l’esprit. Enfin, un aspect que je n’ai pas testé mais qui relèvera sûrement l’intérêt: le multijoueur pour se faire des crasses entre amis. En d’autres termes, il y a de quoi y passer quelques heures pour ceux qui tiendraient sur la distance.

Moment rare à savourer : tout va bien

Un ravalement de façade

Des vagues souvenirs que j’ai de l’original (car oui, j’y avais joué en son temps), ce remake HD se tient vraiment au strict minimum. Pour faire simple, une retouche graphique pour rendre hommage au design du Constructor d’origine avec des textures propres et un assez beau rendu global mais aucun travail en profondeur pour le tirer vers le haut. Que ce soit sur l’interface en elle-même, envahie de gros boutons et de menus lourds, ou sur le contenu qui ne propose pas de nouveau bâtiment ou de nouveau type d’unité. Techniquement, ça rend bien mais pas de quoi fracasser un parpaing avec le front. Pour user d’un jeu de mot qui prend ici son sens, on est face à un simple ravalement de façade qui a été plutôt rapidement expédié.

Constructor a le mérite de proposer une autre vision du city builder, plus amusante et plus centrée sur la gestion locale que sur une ville complète. Si on retrouve bien le caractère du jeu, il accuse aujourd’hui ses 20 ans. Resservi avec un upscale graphique mais sans retouche de son système, son rythme est trop élevé et son interface trop pénalisante pour nous laisser savourer ses possibilités. A tenter uniquement si vous êtes lassés de Sim City ou de Cities Skyline car la bête est tout de même vendue à 50€, ce qui est un peu exagéré à mon goût.

Test réalisé avec 2 mois de retard sur une version physique gentiment fournie par l’éditeur

Points positifs

  • Ambiance décalée
  • Toujours bon sur le fond

Points négatifs

  • Interface trop lourde
  • Difficulté mal dosée
  • Au final un simple ravalement pour 50€
4

Ecrit par : Wanerlevner

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