Mafia 3

Par le dans Tous les tests, 3 en plus

La fin des années 60 aux USA, c’est la révolte culturelle entre rock et hippies qui contrastent avec la pas très propre guerre chez les cousins Vietnamiens. Sujet souvent abordé sur de multiples supports, le retour au bercail du soldat éprouvé qui ne parvient plus à se réintégrer est un cas d’école. Se glisser dans la peau d’un vétéran métis dans un Sud que l’on qualifiera poliment de rustique sur la question du racisme est déjà plus rare. Mafia 3 marque l’adieu au héros italien et accueille Lincoln, qui cumule donc ces fabuleux statuts de « négro » et de soldat bien amoché, pour donner un nouveau souffle à la série.

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Le susnommé Lincoln est donc de retour dans sa douce ville de New Bordeaux après un petit tour avec les boys au Vietnam. Fils d’un père blanc et d’une mère hispanique, il retrouve sa famille d’adoption, bande de gangsters à la petite semaine. Celle-ci doit de l’argent à qui il ne faut pas et s’associera à la mafia italienne (via Vito Scaletta, héros du Mafia 2 il y a 6 ans) pour participer à un casse censé régler la dette. Comme de bien entendu, ce sera le point de départ de la vengeance si souvent teasée de Lincoln et la base de sa nouvelle ambition (éradiquer la mafia, pour ceux qui n’auraient vu aucune vidéo du jeu ces 6 derniers mois).

Celui qui répand le sel suscite l’hostilité

Les annonces prédisaient un jeu violent, cru. Il est bien plus que ça. Mafia 3 est un titre mature, pas uniquement dans la simple violence graphique mais plutôt dans l’âpreté du contexte politique et social. Le vocabulaire n’est pas censuré pour protéger de chastes oreilles occidentales, les insultes fusent et blessent (les « négro » volent à tout va et ciblent tous ceux qui ne sont pas blancs).  La contestation sociale vient violemment rencontrer la ségrégation et le racisme. Cet aspect est un premier direct à l’estomac tant une telle prise de position a rarement été vue chez un AAA. Au-delà du fond, la forme a elle aussi de belles choses à raconter. Les graphismes lors des phases à pied sont très réussis, plein de détails, et les animations fluides. C’est moins le cas en voiture (on en parle plus loin), mais le rendu est de haute volée et apporte une vraie identité à l’ensemble.

De surcroît, c’est peu dire que l’ambiance est parfaitement travaillée sur ce fond social. Mafia 3 étant un open world, on s’y promène pour constater le niveau de détail impressionnant apporté à la mise en place de ladite ambiance. New Bordeaux est pleine de vie et portée par une bande son habilement choisie. Les bâtiments, véhicules et objets de la vie quotidienne peuplent les décors d’où suinte parfois la moiteur caractéristique de la Louisiane. Les développeurs ont poussé le vice en reproduisant des magasines de l’époque, Playboy en tête (dommage qu’aucun succès ne soient reliés à ces collectibles pour le coup). Bref, on s’y croit vraiment et l’immersion est totale dès les premières heures de jeu.

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Ces premières heures, parlons-en. Le début du jeu impressionne par son rythme et la qualité de l’écriture, porté par une bande originale inspirée et menée par du Jimi Hendrix très à propos. On ressent immédiatement le potentiel du titre suite au départ canon de l’histoire, les cinématiques sont énormes et nombreuses (peut-être un peu trop d’ailleurs). Ça sent aussi bon qu’un poulet sauce cajun en train de mijoter chez la voisine et c’est avec la bouche baveuse qu’on se plonge dans la destinée de Lincoln. Las, si les 10 premières heures sont vraiment réussies les suivantes deviennent de plus en plus pénibles et le poulet cajun ressemble de plus à plus à un sandwich KFC humide et froid.

All along in the bayou

Dans les faits, Lincoln va devoir conquérir toute la ville, quartier par quartier. Chacun de ces quartiers comprend des trafics (pas les camionnettes Renault) à récupérer, des informateurs à gentiment brusquer et de temps en temps des filatures à réaliser correctement. Ceci mène à un boss qu’il faudra bien sûr éliminer pour devenir le nouveau boss du block. Et rebelote pour le quartier suivant. Et le suivant. Et le suivant. Bref, c’est répétitif. Puisqu’on parle d’élimination, les gunfights s’enchaînent avec une régularité déconcertante. Le gameplay de ces phases de shoot est bien équilibré mais manque un peu de subtilité pour proposer suffisamment d’approches et d’options différentes.

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D’autre part, les futures victimes de Lincoln se ressemblent toutes beaucoup, à tel point qu’on a parfois l’impression de combattre une armée de clones (tout en dépeuplant sévèrement New Bordeaux au vu du nombre de cadavres laissés dans notre sillage). Le problème avec les clones, c’est qu’ils ont une personnalité toute relative et donc un jeu d’actions limité et vite connu. Vous l’aurez compris, L’IA est très faiblarde. Les ennemis semblent habités d’une forte propension au suicide et ne cherchent pas à innover pour trouer la peau de notre héros. Les troupes adverses arrivent en masse et viennent s’offrir à nos balles avides de sang. Lincoln ne sera réellement en difficulté qu’en se mettant mal à couvert lorsque 2 dizaines de poulets sans tête viendront le submerger.

Voyage au bout de l’ennui

Pour naviguer entre les quartiers et choisir le prochain spot d’un massacre, rien de mieux qu’une belle balade dans un bolide de l’époque. Impossible de parler de Mafia sans parler de voitures tant le véhicule est iconique (au moins autant que la mitrailleuse Thompson) dans ce type de productions. La conduite est fort heureusement plutôt arcade, agréable dans son classicisme malgré quelques fautes de goût comme ce rétroviseur quasiment inutile. De manière assez étrange, les graphismes baissent en qualité avec l’impression de vitesse qui pour le coup est mal pensée. L’effet flouté est peu appréciable, tout comme les apparitions soudaines d’éléments. Quand c’est une ligne blanche, rien de dramatique, mais quand c’est un piéton c’est ballot – surtout pour lui d’ailleurs. Enfin, les courses-poursuites avec la police sont rares et courtes, à tel point que le succès des 2 minutes de poursuite est très dur à obtenir même en mitraillant les flics au passage.

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Le début du jeu est comme un shot d’adrénaline: c’est très bon très vite mais ça redescend pour nous laisser fatigué et un peu triste. L’exceptionnelle bande-son tourne en boucle à l’instar de la meilleure playlist de NRJ. Au mieux, on en vient à l’ignorer; au pire, elle nous tape sur le système, selon notre degré de souffrance endurable. Dans la même veine, les missions et objectifs secondaires commencent à se ressembler dangereusement, venant nourrir le manque de variété global de Mafia 3. Le fameux potentiel du jeu se retrouve de fait partiellement exploité, l’avant gout plein de punch et promesses se dégonfle progressivement.

Si tout ce que tu cherches à voir dans la vie c’est le mal, c’est tout ce que tu verras

La déception est d’autant plus grande que le jeu est constellé de bugs et crashs en tout genre. Si on ferme généreusement les yeux sur ceux-ci en début de partie, happés que nous sommes par l’histoire, il devient de plus en plus dur d’en faire abstraction. Les multiples bugs d’affichage peuvent prêter à sourire, comme cette femme à 2 corps, ces véhicules qui coulent littéralement dans la route ou Lincoln qui glisse de la voiture, toujours assis pendant que celle-ci continue sa route sans son pilote. A l’inverse, les crashs qui ramènent au dashboard ou qui plantent la console font moins rire. A l’extrême, les portes qui ne s’ouvrent pas en fin de mission et qui nous forcent à la recommencer (3 fois en général) font perdre le peu de patience qui nous reste.

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Mafia 3 semble avoir été réalisé par une équipe à tendance masochiste limite suicidaire, à tel point que le jeu est imprégné de cette idée d’automutilation continue. Tout démarre sous les meilleurs auspices, mais les bugs rendent l’expérience au mieux agaçante. Lorsque la motivation baisse drastiquement, ils taillent à la serpe le peu d’envie et d’énergie que l’on essaie d’y mettre pour aller au bout. Alors, certes le jeu n’est pas mauvais, loin s’en faut, mais si autant d’instabilité et de plantages sur un jeu en béta sont compréhensibles, ils sont inacceptables sur un jeu fini et commercialisé au prix fort.

Si vous n’êtes pas effrayés par ces faiblesses et donc prêt à subir les bugs et la lassitude, vous aurez tout de même droit à une expérience intéressante et un final qui remet un coup de fouet pour finir sur les chapeaux de roue. Il est juste dommage qu’entre un début de partie prenant et une fin éclatante le joueur soit éteint par une bonne vingtaine d’heure terriblement lassante. Vous êtes prévenus.
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Testé sur une version presse fournie par l’éditeur, 2K Games. D’ailleurs, les gentilles CM apparaissent au générique :

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Points positifs

  • Cinématiques bluffantes
  • Histoire intéressante
  • Bande sonore canon
  • Graphismes vue personnage

Points négatifs

  • Progression répétitive
  • Graphismes vue du véhicule (effet flouté, clipping...)
  • L’IA très faiblarde
  • Open world assez vide
  • Enormement de bugs
6

Ecrit par : SO Benji94400

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